» On ne peut pas brandir les manifs comme une menace des uns contre les autres’’ (Daniel Kolié, CADRE)

Depuis l’annonce, par le CNRD, de l’interdiction des manifestations politiques en Guinée jusqu’aux prochaines élections, plusieurs langues se lèvent contre cette « confiscation » du droit de manifester. Certaines coalitions et alliances comptent même braver cette interdiction pour battre le pavé dans les rues si, disent-ils, leurs cris de cœur ne sont pas pris en compte par le Colonel-président Mamadi Doumbouya et son équipe.
Dans un entretien téléphonique qu’il a accordé à la rédaction d’avenirguinee.org ce jeudi, le président du Congrès Africain pour la Démocratie et le Développement s’est exprimé sur cette épineuse question qui risque de conduire vers un bras de fer Politiques-Junte.
Préalablement, Daniel Kolié a tout d’abord assuré que la privation de la liberté de manifester est « condamnable ». Mais, poursuit-il, il souhaite une méthode pacifique pour la résolution des désaccords existants entre la junte et les politiques.

« En principe, les actions de privation de liberté sont naturellement condamnables. Et, étant donné que nous sommes dans un contexte sociopolitique un peu compliqué, ne sachant pas très bien les tenants et les aboutissants de cette décision, je pense que je ne peux que déconseiller à la junte de continuer dans le sens d’interdiction des manifestations parce que c’est un droit pour les guinéens. Et, nous ne devons pas reproduire des actes négatifs de l’ancien régime », a martelé ce jeune leader.
Dans la foulée, il a laissé entendre que les politiciens guinéens sont en partie responsables de ce que subit le pays aujourd’hui. Et ça, « depuis 1958 ».
« Aujourd’hui il faut reconnaître que les hommes politiques font partie des problèmes de la Guinée. Parce que si vous remarquez, depuis 63 ans, les problèmes de la Guinée sont politiques. Donc, c’est même ce qui a abouti jusqu’à ce qu’a ce coup d’État. Donc, s’ils estiment aujourd’hui qu’il faut un peu restreindre certaines activités politiques pour pouvoir mettre de l’ordre, ce n’est pas mal. Ce qui est important c’est de communiquer là-dessus et de recevoir les acteurs pour qu’ils soient informés de la décision. Sinon, les politiques font partie des problèmes que le pays a et ça, c’est depuis « 1958 ».
Pour finir, Daniel Kolié lance un appel à l’endroit de ses pairs politiques, à un apaisement de la situation sociopolitique en acceptant de participer au cadre de concertation inclusif instauré par la junte. Ce, en vue de résoudre les désaccords autour d’un dialogue.
« Le message, c’est d’inviter la classe politique à plus de discernement, à venir autour de la table pour qu’on puisse discuter des questions qui sont liées à la vie de la nation. Aujourd’hui, on ne peut pas brandir les manifestations comme étant une menace les uns contre les autres ; il faut qu’on accepte de s’asseoir, de discuter. Le pays a connu beaucoup de manifestations, ça n’a profité à personne, ni à l’opposition, ni au pouvoir d’alors. Alors, on ne peut pas encore revenir à la même chose. D’ailleurs la conséquence la plus négative que nous connaissons tous des manifestations en Guinée, c’est la violence, les morts d’hommes. Donc, si on peut les éviter par le dialogue, je pense que la classe politique doit se retrouver autour de la table de dialogue pour pouvoir discuter avec la junte sur tous les points de désaccord », a conclu Daniel Kolié, président du parti CADRE.
Ibrahima Sory SYLLA et Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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