Construit depuis 1947 et devenu opérationnel en 1965, le musée national de Sandervalya sis dans la commune de Kaloum, est un lieu où sont conservés les monuments et objets de la nation.
Pour connaître son historique, son fonctionnement et son état actuel, avenirguinee.org est allé à la rencontre mercredi 30 août de M. Hamza Kaba, Directeur Général du musée national de Guinée.
Étant une direction rattachée au département de la culture, le directeur a à l’entame de ses propos fait savoir que, « le musée national est un service public à but non lucratif rattaché au ministère de la culture. Il est battu sur les cendres de Lifan. Et, comme vous le voyez, c’est sur un site qui abrite la case d’Olivier de Sanderval, un explorateur français qui a fait sa case ici comme son campement à l’image des cases de Fouta et il a forgé aussi son atelier. C’est les deux monuments qui sont dans la cour comme ça.
Après l’indépendance, les femmes sont sorties ramasser les objets que les colons blancs ont laissé dans la cité avant de partir. Alors, après avoir regroupé ces objets là, elles se sont demandées où il faut mettre ces objets, c’est ainsi qu’elles ont les deux monuments, c’est-à-dire la case de Sanderval et sa forge comme un lieu où on peut envoyer ces objets ramassés. Ce sont les premières collections muséales de notre musée national aujourd’hui. C’est après qu’il y a eu la démultiplication alors la forêt sacrée est venue et d’autres collections », rappelle-t-il.
Bénéficiant de la confiance du Ministre de la culture, du Tourisme et de l’Artisanat M. Alpha Soumah, pour diriger les destinés de cette direction, le Directeur s’exprimant sur l’état des lieux à son arrivée dit que le musée était dans un état de délabrement très poussé.
« À mon arrivée, le musée national était dans un état piteux. Parce que la cour était devenue une brousse, les fleurs étaient transformées en arbres, le bâtiment qui servait de salle d’exposition avait les tôles perforées, les murs commençaient à lâcher et les carreaux de sol étaient vraiment dans un état très délabré », dit-il. « C’est ainsi » poursuut-il « nous avons fait venir le bureau des stratégies et du développement du département pour venir faire le constat général. C’est suite à ce constat que nous avons adressé une note au ministre de la culture, M. Alpha Soumah qui dédie son temps à la tête de ce ministère pour la sauvegarde du patrimoine culturel de notre pays. Alors, qui parle de patrimoine parle directement du musée parce que c’est le lieu où on conserve le patrimoine mobilier de la nation. C’est ainsi que le ministre à son tour a écrit au premier ministre et ça été débattu en conseil des ministres. Ainsi, le président de la République a décidé de prêter main forte au musée, c’est les travaux là qui ont commencé comme ça », s’est-il prononcé.
Dans la foulée, il fait savoir que les régimes précédents manquait de volonté pour changer l’image de ce bijou. Selon lui, c’est ce qui d’ailleurs a conduit son prédécesseur Hadja Kadé Seck vers un AVC.
« La direction qui était avant notre arrivée a tout fait pour changer l’état des lieux du musée mais elle n’a pas bénéficié de l’appui qu’il fallait. Quand je prend Hadja Kadé Seck qui était la directrice avant moi, je peux dire que c’est à cause de négligence du musée par les autorités d’alors qu’elle est tombée malade. Parce qu’elle avait préparé un projet de rénovation et d’exposition qu’elle a envoyé au cabinet et les décideurs ont dit là-bas que c’est un projet hytopique. Et, elle est restée toute la journée en colère. Le soir elle est rentrée à la maison pour chercher toute la documentation du projet pour venir présenter au cabinet, c’est-à-dire le bien-fondé de la rénovation du musée national. Suite à ce coup de colère là, quand elle a fini de regrouper tous les documents, elle s’est couchée la nuit et le lendemain elle s’est réveillée avec un AVC. C’est pour vous dire que combien de fois elle était mal à l’aise de voir le musée national dans un état d’abandon. Elle a passé 30 ans de service ici donc le musée était devenu pour elle comme son bébé », s’est indigné le DG Hamza.
Pour sauver l’honneur, « le ministre Alpha Soumah qui a pris à bras le corps cette direction pour relever ce défi. Alors, c’est ces travaux qui sont en cours d’exécution comme ça, mais aussi l’appui personnel du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya qui en a fait un projet présidentiel », a confié par la suite.
Animé par des bonnes volontés de mieux faire les choses et mettre le musée à l’image des autres pays, Hamza Kaba veut désormais après cette rénovation numériser le musée national de Sandervalyah à travers le département et les partenaires. Chose qui est une priorité dans ses perspectives.
« … De 1996 à nos jours, le musée n’a pas bénéficié d’inventaire, c’est ce que nous sommes entrain de faire maintenant au jour d’aujourd’hui pour connaître le nombre exact des objects que nous avons ici et aussi leur état de conservation. Après cette étape, nous allons vers la numérisation. Parce que nous sommes entrain de faire le recollement mais aussi sur une base de donnée, c’est-à-dire ce que nous sommes entrain de faire sur papier sera logé dans une base de données pour la conservation et la pérennisation. Après, nous allons vers la numérisation, nous avons aujourd’hui un partenariat avec AFD qui doit faire venir des experts pour venir prendre des photos en 3D et 2D. Et, ces photos prises seront logées dans ce qu’on appel le musée virtuel. Prochainement, il y aura le musée national physique et le musée national virtuel. Comme ça. même à distance, on peut consulter pour voir les objets même à partir de son téléphone ou de son ordinateur », veut-il.
Pour laisser une trace positive après son passage à la tête de cette direction qui contient 12 115 objets répertoriés, Hamza Kaba veut après ces travaux renforcer les capacités de ses cadres. C’est ce qui a poussé le personnel du musée à prendre une promesse au cabinet qu’il (musée) ne sera jamais abandonné.
« En réunion de direction la dernière fois, on s’est posé la question de savoir après la rénovation du musée, que faut-il faire ?
On s’est dit qu’il faut d’abord renforcer les capacités des cadres qui sont là. Et, nous avons besoin du personnel mais aussi les compétences pour la maintenance sur les nouvelles technologies. Aussi, il aura une équipe chargée de la propreté et avoir un parking pour les visiteurs, parce que le musée c’est la vitrine du pays, parce que quand un étranger rentre dans un pays après l’aéroport, il demande à découvrir le musée. Si cet endroit qui est public n’est pas conservé, il va sans dire que ce qu’il a connu va se reproduire. C’est pourquoi nous avons fait un engagement personnel avec le cabinet que le musée ne sera plus jamais comme avant », promet’il.
S’adressant au public visiteur, le numéro 1 du misée national dit ceci: « L’appel que nous pouvons lancé, c’est de dire au grand public que le musée est pour le moment fermé et les visites sont momentanément suspendues jusqu’à la fin des travaux. Après les travaux, nous les appelons pour venir connaître et faire connaître mieux les civilisations à nos futures générations », conclu t-il.
Selon le directeur, sauf changement de de programme, dans le premier trimestre de 2024, le chantier R+1 du musée national de Guinée sera officiellement clôturé.
Abdoul Karim Touré (624722815)
Avenirguinee.org