Pendant que beaucoup de bacheliers s’orientent vers les universités pour leurs études supérieures en vue de travailler dans les bureaux, les écoles techniques offrent d’énormes chances. Le Directeur Général de l’ENAM, à travers un entretien qu’il a accordé à avenirguinee.org, s’est exprimé sur les avantages que les bacheliers peuvent avoir en choisissant les métiers techniques après l’obtention du BAC. Entretien…

Avenirguinee : Bonjour M., présentez-vous à nos lecteurs.
Je suis Alhassane Sylla, ingénieur de formation et Directeur Général de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers (ENAM)
Avenirguinee: Parlez-nous de votre établissement.
DG : L’ENAM est une école qui a été créée suite à la collaboration entre les États-Unis d’Amérique et la République de Guinée autour des projets de la Compagnie des Bauxites de Guinée depuis 1962. Donc, comme la compagnie était en projet, le problème de trouver des techniciens s’est posé. Soit la Guinée ouvrait une école avec des États Unis d’Amérique pour combler l’absence des techniciens guinéens, soit on acceptait le principe que les techniciens des pays voisins viennent travailler à la place des guinéens. Donc, on a opté pour l’aspect que les guinéens travaillent eux-mêmes pour la Guinée. Donc, c’est ce qui a précédé à l’ouverture de cette école en 1962. Depuis cette date, cette école ne fait que la fierté de la Guinée. Parce que tous les grands techniciens de la Guinée sortent ici généralement.
Avenirguinee : de nos jours, plusieurs bacheliers préfèrent s’orienter vers les universités que de choisir les métiers. Quels sont les avantages que votre école offre aux jeunes bacheliers ?
DG : Vous voyez qu’en Guinée, il y a ce qu’on appelle les stéréotypes. En Guinée, on n’aime pas le travail manuel, parce que tout le monde pense que c’est le travail de bureau qui peut porter bien la vie. Mais, ce sont des gens qui n’ont pas voyagé. Sinon en Europe, 80% des travaux sont techniques ou professionnels. Mais, en Guinée c’est un peu difficile de changer les mentalités. Si vous voyez, en Guinée tout le monde veut aller à l’université, personne ne veut passer par les écoles professionnelles. Mais, ce que les gens ne comprennent pas, avant, au moment de la révolution, les parents pouvaient nous supporter parce que la vie était tellement facile de l’école primaire jusqu’à l’université. Maintenant, les principes changent, le mode de vie change ; je crois que la meilleure façon pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est de penser que quand tu as le bac, vient dans une école professionnelle, essaye d’avoir un métier pratique. En pratiquant le métier, tu peux travailler, tu as un salaire, tu vas payer les frais de tes formations pour une université. Tu travailles et tu étudies… Les gens qui vont à l’université, il y a combien d’entre eux qui circulent dans la ville avec leurs diplômes, pas d’emploi ! Je vous dis, quand vous venez, vous allez trouver que des gens qui ont fini les polytechniques, les gens qui ont fini l’universitaire Général Lansana Conté, qui ont fini dans d’autres universités mais, ils ont testé deux à trois ans quatre ans ; il y’a des gens qui font 5 ans sans trouver de l’emploi… Donc, si on me demande de m’adresser à la jeunesse, je lui dirais de venir d’abord à l’ENAM ; il faut se sécuriser dans la vie. Quand tes parents t’on supporté jusqu’au BAC, tu ne sais pas quand ils vont partir, pour te donner une position, vient dans une école professionnelle, trouve un métier, commence à pratiquer ce métier. Quelque temps après, tu peux aller payer, même tu peux faire des prêts à la banque ; quand vous travaillez, vous payez vos frais d’études pour l’université et continuer… L’un des avantages le plus sérieux est que tu peux travailler pour toi. Nous, nous formons des gens. Si vous voulez tout de suite, je peux vous montrer quelqu’un. Il a fini ici, il a eu un marché pour la fabrication des panneaux. Comme c’est un étudiant, on ouvre la porte pour lui. Il est là avec ses travailleurs en train de monter des panneaux de signalisation, ça, c’est un avantage. Vous pensez que lui, quand il a deux ou trois marchés, il va travailler pour quelqu’un ? … Donc, voilà l’avantage de l’enseignement technique.
Avenirguinee : A qui la faute ? Est-ce le gouvernement, les parents ou les bacheliers eux-mêmes ?
DG : N’accusez pas le gouvernement. Le gouvernement a créé les deux écoles. Mais, tout le monde sait que ce qui est bon, c’est d’étudier, finir vite et travailler. Mais, quand tu fais les longues études et que tu te mets encore en retard, il faut faire un choix. Ce n’est pas la faute des parents, c’est le guinéen qui ne comprend pas. Parce qu’ils veulent être dans un bureau, pourtant le travail de bureau n’est pas donné à tout le monde ; c’est un travail de conception. Et nous, techniquement, on doit fabriquer et réparer. Donc, si tout le monde veut faire la conception, par après qui va produire ? Qui va fabriquer ? Un bon ingénieur est un ingénieur qui a commencé par la pratique et qui finit par la théorie.
Avenirguinee : Existe-t-il des critères particuliers pour s’orienter vers l’ENAM ?
DG: Non ! Mais, Il faut avoir le BAC. C’est nécessaire parce que tous les programmes de l’ENAM reposent sur des calculs mathématiques du niveau bac. Surtout qu’ici, les matières fondamentales sont : la physique, la chimie, les mathématiques, le français et le dessin technique. Donc, vous voyez ces matières-là sont essentielles. Si non, quand tu viens, tu n’as pas un bon niveau, tu ne peux pas continuer. Et, si on double, on redouble, mais on ne triple pas. Parce que tu ne peux pas continuer à occuper la place pour d’autres jeunes guinéens. C’est pourquoi, dès que vous redoublez, on vous laisse y aller. Dans la formation, nous faisons 25% de théorie et 75% de pratique, c’est ce qui fait la force de l’ENAM pour une durée de 3 ans. En 1ère année, on fait la théorie à fond, 2ème année 25% de théorie 75% de pratique ; la chose est pratique. En plus, tu seras dans les entreprises pour te familiariser avec ton futur milieu de travail.
Entretien réalisé par Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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